•      Le soir du 21 avril, la france est secouée dans ses méninges : le candidat Jean Marie Le Pen devance le candidat Lionel Jospin et tous les autres leaders de la gauche, verte, rouge ou rose. Jacques Chirac arrive en tête mais l'extrème droite est présente au second tour de l'éléction présidentielle. Entre les deux tours, la jeunesse de France déserte les collèges et les lycées, descend dans la rue et manifeste, sous l'oeuil penaud des adultes défaits. Les ministres, les prefets, quelques responsables d'établissements et parents aussi, craignent les incidents, la provocation et les heurts possibles avec les supporters du Front national... Malgré cela, les défilés se multiplient, et nul ne songe à empêcher la jeunesse de faire sa leçon aux plus grands.

         Claude Allègre, un temps ministre de l'éducation, et beaucoup d'autres avec lui rêvaient de réécrire une phrase de morale en haut du tableau avant de commencer le premier cour du matin; mais, dans la République en danger, la moral désormais, n'est plus enseignée par les professeurs mais criée sur la voie publique par une jeunesse révulsée.

    [...]

         Dans l'instant de la crise, les professionneles n'ont d'autres ressources que de contenir l'enfant, parfois violemment, en se tenant au plus près de son corps en rage, en maintenant les poignets fermement, et en évitant les coups de pieds le temps que s'épuise "l'animal". Alors, dans le tout contre d'un corps à corps, qui à la fois s'attire et se rejette, transpirent l'amour et la haine jusqu'à ce que l'une et l'autre s'épuisent et que l'étreinte se dessere doucement. Muet, vidé, les membres rompus, le coeur en chamade et les tripes retournées, l'éducateur se détache et de rend alors disponible pour d'autres, tandis que l'enfant, revenu à moins de violence à force de contenance, boude. pas pour longtemps ! La vie n'aime pas le vide et l'être déteste la transparence. L'enfant s'approche du groupe et des autres avec ce rien de retenue qui habite un bref instant l'être qui sait avoir mal fait. Mine de rien, sans même regarder l'enfant, l'éducateur prononce alors les quelques mots qui permettent d'être à nouveau dans une démarche d'apprivoisement.

         Parfois, l'enfant, porté et relâché, s'effondre en pleurs. Alors l'éducateur développe une autre contenance, enveloppante, affectueuse, rassurante. Il cajole, essuie les larmes, recueille des paroles de souffrance. Et les petits diables, qui, tout à l'heure, montaient les escaliers comme à l'assaut des forteresses vides, s'endorment le soir avec un pouce dans la bouche et un doudou lové contre leurs joues. Des petits diables pas plus hauts que trois pommes, tout petits dans leur corps et déjà trop grands dans leur tête marquée à l'intèrieur des cicatrices du désamour, des déchirures ou des violences parentales et des injustices liées aux attitudes d'exclusion. 

    [...]

         Fragilité de la juste distance sans cesse à reconstruire, qui fait les professionnalisme de l'éducateur sachant qu'"établir" une distance" ne veut pas dire "perdre de vue". [...]
    Car rien n'est perdu et tout redevient possible dès lors que l'adulte renonce à maintenir l'enfant dans la dette à son égard et installe le lien dans la dimension du don. Bien qu'il soit né avant l'enfant, et parce qu'il est là avant lui, l'antèriorité de l'adulte ne fonde pas pour autant son pouvoir mais signifie son devoir à l'égard des nouvelles générations, d'une façon impérative parce que véritablement éthique.

     

    Je sais c'est long... mais c'est bien hein ?


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  • C'est alors qu'apparut le renard.
    -Bonjour, dit le renard.
    -Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se tourna mais ne vit rien.
    Le Petit prince
    -Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
    -Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli...
    -Je suis un renard, dit le renard.
    -Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
    -Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé
    -Ah! Pardon, fit le petit prince.
    Mais après réflexion, il ajouta :
    -Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
    -Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
    -Je cherche les hommes, dit le petit prince.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
    -Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?
    Le Petit prince
    -Non, dit le petit prince. Je cherche des amis.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
    -C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "Créer des liens..."
    -Créer des liens?
    -Bien sûr,dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
    -Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
    -C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...
    -Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
    -Sur une autre planète ?
    -Oui.
    -Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
    -Non.
    -Ca, c'est intéressant! Et des poules ?
    -Non.
    -Rien n'est parfait, soupira le renard.
    Mais le renard revint à son idée :
    -Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu a des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'aura apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
    Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
    -S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il.
    -Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
    -On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
    -Que faut-il faire? dit le petit prince.
    -Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
    Le lendemain revint le petit prince.
    Le Petit prince
    -Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. à quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur... il faut des rites.
    -Qu'est-ce qu'un rite? dit le petit prince.
    -C'est quelque chose trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurait point de vacances.
    Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :
    -Ah! dit le renard... je preurerai.
    -C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
    -Bien sûr, dit le renard.
    -Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
    -Bien sûr, dit le renard.
    -Alors tu n'y gagnes rien!
    -J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
    Puis il ajouta :
    -Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
    Le petit prince s'en fut revoir les roses.
    -Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
    Et les roses étaient gênées.
    -Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
    Et il revint vers le renard :
    -Adieu, dit-il...
    -Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
    -L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
    -C'est le temps que tu a perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
    -C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
    -Les hommes on oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
    -Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.

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  • Ne reste pas à pleurer devant ma tombe,
    Je n'y suis pas, je n'y dors pas.
    Je suis un millier de vents qui soufflent;
    Je suis le scintillement du diamant sur la neige.
    Je suis la lumière du soleil sur le grain mûr;
    Je suis la douce pluie d'automne.

    Quand tu t'éveilles dans le calme du matin,
    Je suis le prompt essor qui lance vers le ciel où ils tournoient les oiseaux silencieux.
    Je suis la douce étoile qui brille la nuit.
    Ne reste pas à te lamenter devant ma tombe.
    Je n'y suis pas; je ne suis pas mort

    Anonyme 


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  • Le respect de la personne ne signifie pas une acceptation béate de ses actes mais elle veut dire une croyance enracinée au plus profond de soi que tout être humain possède, de par son statut même d'Homme, une valeur intrinsèque, quelle que soit l'inadéquacité de certains de ses comportements.

    Capul & Lemay - De l'éducation spécialisée


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  • <<     Apres avoir compris le "je", je m'apelle Emmanuelle, je comprends ce soir-là : "Je suis sourde".
         
    Maintenant, je sais quoi faire. Je vais faire comme eux, puisque je suis sourde comme eux. Je vais apprendre, travailler, vivre, parler, puisqu'il le font. Je vais être heureuse puisqu'ils le sont.
         
    Car je vois autour de moi des gens heureux, des gens qui ont un avenir. Ils sont adultes, ils ont un travail; moi aussi un jour je travaillerai. J'ai donc des atouts soudain révélés, des capacités, des possibilités, de l'espoir.
         
    Ce jour là je grandis dans ma tête. Enormément. Je deviens un être humain doué de langage.     >>

     

     Mamz'elle Bulle




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