Par
Clebulle dans
Bulles et compagnie le
25 Mars 2007 à 20:38
Fidel Castro, Cuba, novembre 1973
«La sonnerie du téléphone retentit à 6h 20 du matin à la résidence du
Président Allende () pour l'avertir qu'un coup d'État était déclenché.
Il alerta ses gardes du corps et décida de se rendre au Palais
présidentiel de la Moneda pour défendre, à son poste, le gouvernement
de l'Unité populaire. Le président et son escorte, composée de 23
gardes du corps armés de fusils automatiques, de deux mitrailleuses de
30 mm et de 3 bazookas, arrivèrent au palais à bord de quatre voitures
à 7h 30 du matin.
«Jamais un fusil ne fut empoigné par des mains si héroïques d'un
président constitutionnel légitime de son peuple. Si chaque travailleur
et chaque paysan avait tenu un fusil comme celui-ci dans ses mains, il
n'y aurait pas eu de coup fasciste», dira Fidel Castro.(Photo Archives)
Fusil en main, le président pénétra par l'entrée principale du palais.
La Moneda était, comme toujours, gardée par des carabiniers.
Une fois à l'intérieur, Allende réunit sa suite pour l'informer de la
gravité de la situation et de sa résolution de se battre jusqu'à la
mort pour défendre le gouvernement constitutionnel et légal du Chili
contre le coup d'État fasciste. Il analysa toutes les possibilités et
prit les premières dispositions concernant la défense de La Moneda.
Allende, en une heure, s'adressa trois fois au peuple par la voie des
ondes, proclamant sa résolution de se défendre jusqu'au bout.
A 8h 15, un porte-parole de la junte fasciste proposa au président de
se rendre, de renoncer à son poste en lui promettant un avion pour
quitter le pays avec sa famille et ses collaborateurs. Le président
refusa en disant que les «généraux félons ne savent pas ce que c'est
qu'être un homme d'honneur ».
Vers 9h 15, on se mit à tirer sur le palais présidentiel. Des unités
d'infanterie, près de deux cents hommes au total, se lancèrent à
l'attaque par les rues attenantes à la place de la Constitution. Une
quarantaine d'hommes, au maximum, défendaient La Moneda. S. Allende
ordonna de riposter et fit partir le premier coup de feu lui-même.
L'infanterie recula, subissant de nombreuses pertes.
Les fascistes engagèrent alors les tanks dans le combat. Plusieurs
d'entre eux apparurent place de la Constitution. Plusieurs canons en
position place de la Constitution ouvrirent également le feu sur le
palais. S. Allende dirigeait personnellement la défense, passant d'une
position à l'autre. L'âpre bataille dura près d'une heure. Les
fascistes ne réussirent pas à avancer d'un seul pouce.[]
A bout de munitions
L'attaque aérienne commença vers 12 heures. Les premières roquettes
explosèrent dans le palais. Les attaques se succédaient, le palais
était secoué par les explosions. Une âcre fumée envahissait tout.
La bataille durait depuis presque trois heures. Les défenseurs étaient
à bout de munitions. Le président ordonna alors d'enfoncer la porte du
dépôt d'armes de la garnison des carabiniers. Les armes ayant été
distribuées, Allende ordonna à tous d'occuper leurs postes et, s'armant
lui-même, dit: «Ainsi s'écrit la première page de cette histoire! Mon
peuple et l'Amérique écriront le reste!»
Entre-temps, les fascistes avaient réussi à s'emparer du
rez-de-chaussée, mais les défenseurs, retranchés au premier,
continuaient à repousser leurs attaques. Vers 14h seulement, les
assaillants réussirent à pénétrer au premier. Salvador Allende se
barricada avec plusieurs camarades dans la Salle rouge. Il fut atteint
d'une balle au ventre en essayant de barrer l'entrée aux fascistes.
S'appuyant sur une chaise, il continua à tirer sur les assaillants. Une
deuxième balle le frappa à la poitrine et il s'effondra. On s'acharna
sur son cadavre, le criblant de balles.